Mikhaïl Fabianovitch Gnessin

Mikhaïl Fabianovitch Gnessin, né en 1883 à Rostov sur le Don, est connu et honoré en Russie comme compositeur, musicologue, et pédagogue. Mais ses compositions de musique juive - le quart de son œuvre- sont tombées dans l'oubli, aussi bien dans son pays natal que dans le reste du monde.

Après avoir été l'élève de Liadov et de Rimski-Korsakov (qui le considérait comme le "Glinka juif") et poussé par la politique de l'époque qui encourageait la mise en valeur de l'héritage artistique national, il fonda en 1908 avec Joel Engel, Joseph Achron, Alexander Klein et quelques autres la "Société de Musique Populaire Juive" à Saint-Petersbourg.

Nommé enseignant en 1910 et fondateur d'un courant pédagogique qui est encore suivi en Russie, Gnessin commença brillamment sa carrière de compositeur en recevant le prix "Glinka" pour son œuvre orchestrale "Vrubel". Cependant, il trouva sa véritable vocation dans la composition de musiques à caractère judaïque: "Des éléments de musique juive captivèrent mes sentiments et mon imagination a tel point, que même lorsque je n'étais pas obligé d'utiliser un style judaïque, ces éléments faisaient irruption dans mes compositions".

Il fit de nombreux voyages en Europe et en Palestine où il résida en 1914 et 1921.

La première composition à caractère juif de Gnessin, le "Nigun pour Shayke Fayfer" qu'il écrivit à la mémoire de son grand-père maternel, fut publiée en 1914 par la Société de Musique Populaire Juive. D'autres suivirent: les "Variations sur un thème folklorique juif" op. 24 pour quatuor à cordes (1917), "Ora", variations pour piano à quatre mains (1921), les opéras "Les Maccabées" (1921) et "La jeunesse d'Abraham" (1923), les "Mélodies Juives" op. 37 (1926), les "Chansons hébraïques" pour voix et piano (1928) ainsi qu'une soixantaine d'autres œuvres originales et arrangements de pièces juives traditionnelles.

Cependant, l'avènement de l'ère stalinienne entraîna la négation d'une identité nationale juive dans le but de mener les Juifs vers le bolchevisme.

Considérés comme des "vulgaires sionistes cosmopolites, donc ennemis du peuple", de nombreux compositeurs juifs furent déportés, contraints d'émigrer ou réduits à la misère et leurs œuvres à caractère national boycottées et interdites d'édition à partir de 1929.

Gnessin continua à enseigner au Conservatoire de Moscou de 1923 à 1935 puis à celui de Leningrad jusqu'en 1945, après quoi il occupa pendant six ans le poste de professeur de composition à "l'Institut Gnessin" fondé par ses sœurs en 1895. Il mourut à Moscou en 1957.

Tombée dans l'oubli, la partie juive des œuvres de Gnessin ne fut retrouvée dans le archives du Musée Glinka de Moscou qu'en 1991 où "elle attendait une nouvelle rencontre avec le public..."

 

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