Soirée de
présentation des rites
séfarades occidentaux et orientaux,
avec les khazanim
Daniel
Halfon et
Moshe Khabusha (Jerusalem)
accompagnement au piano par
Raymond
Goldstein (auteur des arrangements), à la
percussion par
Meir
Khabusha,
au violon par
Bianca
Favez et au violoncelle par
Danila Ivanov.
Daniel
Halfon (Jérusalem) fait autorité dans la
tradition
hispano-portugaise (ou rite séfarade occidental), tandis que
Moshe Khabusha (Jérusalem) est le plus
célèbre
ambassadeur du rite oriental dit « yerushalmi »
(rite
syro-libanais).
Daniel Halfon est
né au
sein de la communauté juive hispano-portugaise de Londres.
L’art du chant synagogal lui a été
transmis par des
«étoiles» de la tradition
séfarade
occidentale: Eliezer
Abinun, Abraham
Beniso et Abraham
Lopes Cardozo.
Il
développe sa technique
vocale à New York (où il chante à la
Synagogue
Shearith Israel), puis à Jérusalem où
il est,
depuis 1992, le hazan
attitré de la synagogue Yad
Harav Nissim. Il officie également comme hazan
invité dans diverses synagogues du monde entier, participe
à des festivals de musique sacrée et enregistre
des
disques compacts.
Aujourd’hui,
Daniel Halfon
est le plus important, sinon le seul, gardien de la tradition musicale
des communautés séfarades occidentales. Ce sont
ces
«nouveaux chrétiens», convertis de force
dans la
péninsule ibérique, qui forment au cours du
XVIème
siècle, en France, aux Pays-Bas, en Allemagne du Nord et en
Angleterre, les noyaux des communautés appelées
à
ressusciter une vie juive organisée dans des
régions qui
n’en avaient pas connu depuis des siècles. Le
centre de
gravité est Amsterdam où le retour à
une pratique
juive ouverte est autorisé à partir de 1606.
Les descendants de
ces
rescapés de l’Inquisition forment des
congrégations
importantes à Londres, à New Amsterdam (New-York
actuelle) et un peu partout dans les territoires espagnols et portugais
du Nouveau Monde. Ils possèdent une liturgie
spécifique
provenant de la tradition ibérique mais qui a subi
d’importantes influences occidentales, comme celle de la
musique
baroque.
Le nusakh
(rite liturgique) hispano-portugais est constitué de
mélodies et de récitatifs utilisés
essentiellement
lors des grandes fêtes, consciencieusement
préservés et transmis oralement d’un hazan
à son successeur depuis le XVIème
siècle.
Contrairement aux mélodies des juifs orientaux,
basées
sur les maqâmat arabes complexes, la liturgie juive
hispano-portugaise utilise les modes occidentaux
tempérés.
Un voyageur juif du
XIXème siècle, Israël Yosef,
rapporte à propos d’un de ses voyages à
Alep :
«Le
vendredi soir, tous les
membres de la communauté chantent des chants
délicieux
composés par de sages érudits. Un Juif
européen
aurait de quoi s’étonner en entendant le chant
magnifique
entonné par toute la communauté.»
Aram Zoba,
l’actuelle Alep
au nord de la Syrie, fut le siège de l’une des
plus
anciennes et des plus célèbres
communautés juives
du Moyen Orient. Jusqu’à la fin du
XIXème
siècle, elle a vu fleurir une culture riche et
variée
avec de nombreux poètes et musiciens. La liturgie
quotidienne,
du Shabbat et des jours de fêtes, intègre un
certain
nombre d’hymnes et d'élégies, piyyutim
(poèmes liturgiques) et baqqashot
(chants de supplication), genres que les poètes espagnols et
ceux de l’école kabbalistique de Safed ont
beaucoup
cultivés.
La création poétique et musicale d’Israël Najarra
(XVIème siècle) en est l’expression la
plus
représentative. Pour satisfaire les goûts
d’une
clientèle juive conquise par la musique orientale, Najarra
adopta l’ordre habituel de rangement dans les diwans arabes,
les
groupant en suites musicales selon les maqâmat. (modes
orientaux).
Le chanteur et
joueur de oud Moshé
Khabusha
est l’un des artistes contemporains les plus
réputés et appréciés dans
la pratique de
cette tradition ainsi que l’un des derniers vrais paytanim
(auteurs de poèmes liturgiques). Son art raffiné
souligne
et perpétue le lien symbiotique qui exista, avant le
départ massif des Juifs, entre la culture juive de cette
région et la musique du monde islamique et arabe
environnant.
Invité dans diverses synagogues du monde entier,
Moshé
Khabusha a enregistré un nombre impressionnant de CD.
La
première partie du concert est dédiée
à la
liturgie des Grandes Fêtes d’automne (Rosh ha-Shana
et Yom
Kippour), caractérisée par une connexion musicale
très forte entre les traditions occidentales et orientales. Daniel Halfon et Moshé Khabusha
chantent, chacun d’après ses propres traditions,
des morceaux identiques.
La
deuxième partie
présente une sélection du répertoire
liturgique du
Shabbat et des Fêtes. Parfois, les deux chantres
interprètent les mêmes textes ou
d’autres
pièces choisies par l’un et l’autre.
Daniel Halfon sera
accompagné par Bianca
Favez au violon, Danila
Ivanov au violoncelle et Raymond Goldstein
au piano (qui signe également les arrangements).
Moshé Khabusha
chante en jouant lui-même de l’oud (luth oriental)
et sera accompagné aux percussions par son fils, Meïr Khabusha.